Introduction

La polymédication, définie comme l’usage concomitant de cinq médicaments ou plus, est un phénomène de plus en plus fréquent, notamment chez les personnes âgées et les patients atteints de maladies chroniques (Maher et al., 2014). Si elle est parfois nécessaire pour traiter plusieurs pathologies, elle comporte aussi des risques élevés d’interactions médicamenteuses, d’effets indésirables et de non-observance thérapeutique.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la polymédication est une préoccupation majeure dans le cadre de la sécurité des patients. En 2017, elle a lancé l’initiative « Medication Without Harm » pour réduire les dommages graves liés aux médicaments de 50 % d’ici 2022 (OMS, 2017).

Dans le monde, environ 50 % des patients chroniques ne prennent pas leurs traitements correctement (WHO, 2003). En Afrique, notamment au Cameroun, la polymédication est exacerbée par l’automédication, la coexistence de la médecine traditionnelle et moderne, et l’accès inégal aux soins (Tadount et al., 2020).


Comprendre les causes de la polymédication

Les causes de la polymédication incluent :

  • Le vieillissement de la population,

  • L’augmentation des maladies chroniques comme le diabète ou l’hypertension,

  • Le recours fréquent aux spécialistes, chacun prescrivant son traitement,

  • L’automédication avec des produits en vente libre ou traditionnels.

Risques liés à une mauvaise gestion de la polymédication

Interactions médicamenteuses : elles peuvent diminuer l’efficacité ou augmenter la toxicité d’un traitement (FDA, 2021).

Effets indésirables : les patients polymédiqués sont plus susceptibles de développer des effets secondaires graves (Gnjidic et al., 2012).

Adhésion thérapeutique réduite : complexité du traitement, oublis, ou confusion peuvent diminuer l’observance (Ingersoll & Cohen, 2008).

Hospitalisations évitables : jusqu’à 10 % des hospitalisations chez les personnes âgées seraient dues à des problèmes liés aux médicaments (Budnitz et al., 2011).


Comment bien gérer la polymédication ?

1. Revue régulière des médicaments

Le médecin ou le pharmacien doit effectuer une revue médicamenteuse au moins une fois par an pour évaluer la pertinence des traitements (Clyne et al., 2016).

2. Impliquer le pharmacien

Le pharmacien joue un rôle crucial dans la détection des interactions médicamenteuses et la simplification des schémas thérapeutiques (Lavan et al., 2016).

3. Favoriser une seule source de soins

Centraliser la gestion des traitements auprès d’un professionnel de santé principal (généraliste ou pharmacien) permet une meilleure coordination.

4. Utilisation des outils numériques

Des applications ou des piluliers électroniques aident à suivre les prises et à éviter les erreurs (Arnet et al., 2014).

5. Éducation thérapeutique du patient

Sensibiliser les patients sur les effets indésirables potentiels, l’importance de respecter les doses, et de ne pas associer produits traditionnels et modernes sans avis médical.


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Conclusion

La polymédication, bien que souvent nécessaire, peut devenir un fardeau dangereux si elle n’est pas prise en charge de manière proactive. Une bonne gestion, impliquant les professionnels de santé, les outils numériques et l’éducation du patient, est indispensable pour éviter les complications.


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Foire aux questions (FAQ)

1. Qu’est-ce qu’un plan de gestion médicamenteuse ?
C’est un outil qui permet de planifier, suivre et évaluer les médicaments pris par un patient pour garantir leur bon usage.

2. Peut-on arrêter un médicament seul ?
Non. Toute modification doit être validée par un professionnel de santé.

3. Quels signes peuvent indiquer une mauvaise gestion ?
Confusion, oublis fréquents, effets secondaires inhabituels ou hospitalisations répétées.

4. La médecine traditionnelle est-elle concernée ?
Oui. L’association non contrôlée avec des médicaments modernes peut provoquer des interactions.


Références bibliographiques

  • Maher RL, Hanlon J, Hajjar ER. Clinical consequences of polypharmacy in elderly. Expert Opin Drug Saf. 2014. Lien PubMed

  • WHO. Medication Without Harm – WHO Global Patient Safety Challenge. Lien WHO

  • Tadount F, Nguemeleu FG, et al. Polymédication au Cameroun. Health Sci Dis. 2020.

  • Gnjidic D et al. Polypharmacy cut-off and outcomes. J Clin Epidemiol. 2012. Lien PubMed

  • FDA. Drug Interactions: What You Should Know. 2021. Lien FDA

  • Clyne B, et al. Interventions to address polypharmacy in older people. Cochrane Database Syst Rev. 2016. Lien Cochrane

  • Arnet I, et al. Electronic medication adherence products. Drugs Aging. 2014. Lien PubMed

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