Introduction : Qu’est-ce que l’automédication ?
L’automédication se définit comme l’usage de médicaments, avec ou sans ordonnance, sans consultation préalable d’un professionnel de santé (OMS, 2023). Cette pratique peut inclure l’utilisation de médicaments disponibles en vente libre, ou la réutilisation de prescriptions antérieures.
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’automédication responsable peut aider à traiter des affections mineures. Toutefois, lorsqu’elle est mal encadrée, elle devient une pratique à haut risque, entraînant des complications graves, telles que des interactions médicamenteuses, une antibi-résistance ou encore des effets secondaires sévères (WHO, 2023).
Prévalence mondiale, en Afrique et au Cameroun
Selon une étude publiée dans PubMed, la prévalence mondiale de l’automédication varie entre 32 % et 92 % selon les régions et les populations étudiées (Afolabi, 2008). En Afrique subsaharienne, des taux élevés sont observés, notamment au Nigeria (73 %), en RD Congo (78 %) et au Cameroun (68 %), souvent liés à l’accessibilité limitée aux soins de santé, aux faibles revenus, et à la culture de la débrouille (Atabe et al., 2020).
Au Cameroun, une enquête du ministère de la Santé publique en collaboration avec l’OMS Cameroun a révélé que plus de 6 Camerounais sur 10 prennent des médicaments sans consulter un professionnel, en particulier pour des symptômes comme la fièvre, les douleurs, ou les troubles digestifs.
Les erreurs les plus fréquentes en automédication
1. Utilisation inappropriée des antibiotiques
L’un des abus les plus préoccupants est la consommation irrationnelle des antibiotiques, souvent sans prescription. Cela contribue à l’antibiorésistance, un phénomène mondial reconnu par l’OMS comme une menace sanitaire majeure (WHO, 2021). L’amoxicilline, par exemple, est largement utilisée pour des infections virales où elle est inefficace.
Mot-clé secondaire : résistance aux antibiotiques
2. Mauvais dosage ou fréquence inadéquate
Beaucoup de personnes sous-dosent ou surdosent les médicaments, croyant accélérer la guérison ou limiter les effets indésirables. Cela peut provoquer des intoxications médicamenteuses ou une inefficacité du traitement.
Exemple : Le paracétamol, pris à haute dose, peut provoquer une hépatotoxicité aiguë (Larson et al., 2005).
3. Association de médicaments sans évaluation du risque d’interaction
L’utilisation simultanée de plusieurs médicaments (polypharmacie) sans évaluation médicale augmente le risque d’interactions dangereuses. Par exemple, associer des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) à certains anticoagulants peut entraîner des hémorragies.
Mot-clé secondaire : interaction médicamenteuse
4. Utilisation de médicaments périmés ou mal conservés
Dans certaines régions, les médicaments sont conservés dans des conditions inappropriées, ce qui altère leur efficacité. Les médicaments périmés peuvent devenir toxiques ou inefficaces, augmentant le risque d’échec thérapeutique.
5. Ignorance des contre-indications spécifiques
Les patients ignorent souvent les contre-indications liées à leur état de santé (grossesse, insuffisance rénale, etc.). L’usage de certains anti-inflammatoires durant la grossesse, par exemple, est fortement déconseillé après le 6e mois (FDA, 2020).
6. Substitution médicamenteuse non encadrée
Remplacer un médicament par un autre aux effets supposés similaires (par exemple un générique mal équivalent ou un médicament de la même classe) peut nuire au traitement. Cela est fréquent dans des zones où les pharmacies parallèles prospèrent sans contrôle sanitaire strict.
Conséquences de l’automédication mal encadrée
- Résistance antimicrobienne accrue
- Insuffisance hépatique ou rénale
- Allergies médicamenteuses graves
- Risque de dépendance (antalgiques, somnifères, psychotropes)
- Masquage de pathologies graves
Que recommande la science ?
Approche rationnelle de l’automédication
L’automédication responsable, telle que définie par l’OMS, suppose :
- Le choix éclairé et ponctuel de médicaments pour des symptômes bénins connus ;
- La lecture attentive des notices ;
- Le respect strict du dosage recommandé ;
- La consultation rapide en cas de doute, persistance ou aggravation des symptômes.
Selon une revue systématique publiée dans le Journal of Clinical Pharmacy and Therapeutics, les campagnes d’éducation sanitaire, l’encadrement pharmacien et l’accès élargi aux soins sont essentiels pour réduire les abus (Sharma et al., 2020).
Que faire au Cameroun et en Afrique ?
- Renforcer le rôle des pharmaciens d’officine dans l’éducation thérapeutique ;
- Améliorer l’accessibilité des centres de santé ;
- Élaborer des campagnes nationales sur l’automédication responsable ;
- Contrôler le marché informel pharmaceutique ;
- Favoriser les technologies mobiles pour sensibiliser (ex. : applications d’alerte, guides santé comme MboaPharma App).
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Conclusion : Mieux vaut prévenir que guérir
L’automédication, bien que courante et parfois utile, n’est pas sans risque. Pour éviter les erreurs les plus fréquentes, il est essentiel de s’informer, de respecter les recommandations et de consulter lorsque les symptômes persistent. Le rôle du pharmacien est central dans cet encadrement, tout comme les initiatives de santé publique.
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Foire aux Questions (FAQ)
1. L’automédication est-elle toujours dangereuse ?
Non, l’automédication peut être bénéfique lorsqu’elle est pratiquée avec prudence et pour des symptômes bénins.
2. Quels médicaments peuvent être utilisés sans ordonnance ?
Des antalgiques légers (paracétamol), des antihistaminiques ou des pansements gastriques, à condition de respecter les doses.
3. Peut-on prendre un antibiotique pour une grippe ?
Non. La grippe est virale. Les antibiotiques ne sont efficaces que contre les infections bactériennes.
4. Comment éviter les erreurs en automédication ?
Lire la notice, demander conseil à un pharmacien, éviter les mélanges de médicaments sans avis médical.
Références scientifiques
- World Health Organization (2023). Self-medication and its risks. Lien
- Afolabi AO. (2008). Factors influencing the pattern of self-medication in an adult Nigerian population. PubMed. Lien
- Atabe AN et al. (2020). Self-medication practices in Cameroon: challenges and opportunities. Pan African Medical Journal. Lien
- Larson AM et al. (2005). Acetaminophen-induced hepatotoxicity. Hepatology. Lien
- FDA (2020). Pregnancy and NSAID use. Lien
- Sharma A et al. (2020). Public awareness and education strategies to avoid misuse of medicines. J Clin Pharm Ther. Lien


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