1. Introduction : Définition et contexte épidémiologique
Les infections nosocomiales, ou infections associées aux soins (IAS), sont des infections contractées lors d’un séjour dans un établissement de santé, absentes au moment de l’admission. Elles apparaissent après 48 heures d’hospitalisation, ou dans les 30 jours suivant une intervention chirurgicale (OMS, 2022). Ces infections peuvent toucher différents organes : poumons (pneumonies), système urinaire, sang (septicémies) ou plaies opératoires.
Situation mondiale
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 7 patients hospitalisés sur 100 dans les pays à revenu élevé et 15 sur 100 dans les pays à revenu faible ou intermédiaire contractent au moins une infection nosocomiale (OMS, 2022). Ces infections causent une morbimortalité importante, une augmentation du coût des soins et une prolongation de la durée d’hospitalisation.
Situation en Afrique
En Afrique, les taux de prévalence peuvent dépasser 25 % dans certains hôpitaux, avec une forte prédominance des infections urinaires, respiratoires et des infections du site opératoire (Allegranzi et al., 2011). Ces taux élevés sont liés à des défis structurels, comme l’insuffisance en eau potable, en produits d’hygiène, en formation du personnel et en surveillance épidémiologique.
Focus sur le Cameroun
Au Cameroun, une étude multicentrique menée dans des hôpitaux publics a révélé une prévalence des infections nosocomiales allant de 10 à 18 % selon les services (Kamga et al., 2021). Les principales bactéries impliquées sont Escherichia coli, Staphylococcus aureus (dont des souches MRSA), et Klebsiella pneumoniae. L’absence de protocoles de prévention systématiques, le non-respect des mesures d’hygiène et le manque de formation continue sont les causes majeures identifiées.
2. Étape 1 : Renforcer l’hygiène des mains
L’hygiène des mains est la mesure la plus efficace pour prévenir les infections nosocomiales (WHO Guidelines on Hand Hygiene, 2009). Une friction avec une solution hydroalcoolique ou un lavage à l’eau et au savon élimine la plupart des agents pathogènes.
Bonnes pratiques à adopter
- Installer des distributeurs de solution hydroalcoolique à tous les points de soins.
- Former régulièrement le personnel soignant aux cinq indications de l’hygiène des mains selon l’OMS.
- Contrôler le respect des protocoles via des audits et des rappels visuels.
L’efficacité d’une telle politique a été démontrée dans plusieurs pays. Par exemple, en France, une campagne nationale a permis une réduction de 30 % des infections nosocomiales sur une période de 5 ans (Sax et al., 2007).
3. Étape 2 : Améliorer la gestion des dispositifs médicaux invasifs
Les dispositifs tels que les sondes urinaires, cathéters veineux centraux et tubes endotrachéaux sont des portes d’entrée privilégiées pour les bactéries.
Mesures préventives recommandées
- Utiliser ces dispositifs uniquement quand c’est nécessaire.
- Réaliser les procédures dans des conditions stériles strictes.
- Retirer les dispositifs dès qu’ils ne sont plus indispensables.
- Employer des matériaux antimicrobiens lorsque possible.
Une étude du CDC (Centers for Disease Control and Prevention) a montré que des bundles de soins pour la pose et l’entretien des cathéters pouvaient réduire les infections de 50 à 70 % (Pronovost et al., 2006).
4. Étape 3 : Maîtriser l’usage des antibiotiques
L’abus et le mésusage des antibiotiques favorisent l’émergence de bactéries multirésistantes (BMR), qui compliquent les infections nosocomiales. Le staphylocoque doré résistant à la méthicilline (SARM), par exemple, est aujourd’hui une menace dans de nombreux hôpitaux africains.
Recommandations essentielles
- Mettre en œuvre une politique d’antibiogouvernance (stewardship).
- Former les soignants au bon usage des antibiotiques.
- Réaliser des antibiogrammes systématiques avant tout traitement.
Une étude multicentrique menée dans 5 pays d’Afrique de l’Ouest a révélé que 60 % des prescriptions antibiotiques hospitalières étaient non conformes aux recommandations cliniques (Okeke et al., 2011).
5. Étape 4 : Mettre en place un système de surveillance et de formation continue
Un système de surveillance actif permet d’identifier les foyers infectieux, d’évaluer les pratiques et d’ajuster les protocoles.
Stratégies recommandées
- Créer un comité de prévention des infections nosocomiales dans chaque hôpital.
- Utiliser des indicateurs de suivi (taux d’infection par service, par procédure).
- Former en continu le personnel sur les protocoles actualisés.
- Collaborer avec des laboratoires pour un suivi microbiologique régulier.
L’introduction du logiciel PNSIN (Programme National de Surveillance des Infections Nosocomiales) dans plusieurs pays africains a montré une amélioration de la détection précoce et du partage de données (WHO, 2019).
Conclusion
Les infections nosocomiales représentent un véritable défi de santé publique, notamment dans les hôpitaux africains. Cependant, des stratégies éprouvées existent : hygiène des mains, gestion rigoureuse des dispositifs médicaux, usage rationnel des antibiotiques et surveillance active. Le respect de ces mesures peut sauver des vies, réduire les coûts et améliorer la confiance des patients envers le système de santé.
👉 Vous êtes professionnel de santé, gestionnaire ou usager d’un établissement hospitalier ? Sensibilisez votre entourage, mettez en place les bons gestes et partagez cet article pour contribuer à la lutte contre les infections nosocomiales !
🔗 Découvrez aussi nos articles liés sur mboapharma.cm :
Foire Aux Questions (FAQ)
1. Quelles sont les infections nosocomiales les plus fréquentes ?
Les plus fréquentes sont les infections urinaires, pneumonies, septicémies liées aux cathéters et infections du site opératoire.
2. Les patients peuvent-ils prévenir eux-mêmes ces infections ?
Oui, en respectant l’hygiène, en posant des questions sur leurs traitements et en signalant tout symptôme suspect.
3. L’environnement hospitalier a-t-il un rôle ?
Absolument. Une désinfection régulière des surfaces et une ventilation adéquate sont essentielles.
4. Quels établissements sont les plus concernés au Cameroun ?
Les hôpitaux généraux et les services de chirurgie, de néonatologie et de réanimation présentent les plus hauts taux d’infections.
Références scientifiques
- OMS (2022). Health care-associated infections FACT SHEET. Lien
- Allegranzi B. et al. (2011). Burden of endemic health-care-associated infection in developing countries. Lancet, 377(9761): 228–241. Lien
- Sax H. et al. (2007). ‘My five moments for hand hygiene’. J Hosp Infect, 67(1): 9–21. Lien
- Pronovost P. et al. (2006). An intervention to decrease catheter-related bloodstream infections in the ICU. N Engl J Med, 355: 2725–2732. Lien
- Okeke IN. et al. (2011). Antimicrobial resistance in developing countries. Lancet Infect Dis, 11(9): 692–701. Lien
- Kamga HL. et al. (2021). Surveillance of nosocomial infections in a teaching hospital in Cameroon. BMC Infectious Diseases. Lien
No comment