Introduction : Une urgence de santé publique mondiale
L’activité physique modérée se définit comme toute forme d’effort corporel entraînant une augmentation modérée du rythme cardiaque et de la respiration pendant une durée prolongée. Elle inclut notamment la marche rapide, le vélo à allure modérée, les travaux ménagers dynamiques, la natation douce, ou encore la danse.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 25 % des adultes dans le monde ne pratiquent pas suffisamment d’activité physique. En Afrique, le taux d’inactivité physique est en hausse, touchant près de 30 % des adultes dans certaines zones urbaines (WHO, 2022). Au Cameroun, l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) révèle que près d’un adulte sur trois est physiquement inactif, en particulier dans les grandes villes comme Yaoundé et Douala (INS-Cameroun, 2020).
Face à l’explosion des maladies non transmissibles (MNT) comme le diabète, l’obésité ou les maladies cardiovasculaires, la pratique régulière d’une activité physique modérée apparaît comme un pilier incontournable de la prévention en santé publique.
1. Les mécanismes biologiques de l’activité physique modérée
L’activité physique modérée entraîne une stimulation systémique de nombreux processus physiologiques. Elle augmente la sensibilité à l’insuline (Heath et al., 1983), améliore la fonction endothéliale (Hambrecht et al., 2000), stimule la neurogenèse (Cotman et al., 2007) et module positivement la réponse immunitaire (Campbell et Turner, 2018).
Elle régule aussi l’expression de gènes liés au métabolisme lipidique et glucidique, favorise le transport du glucose dans les cellules musculaires via la translocation du transporteur GLUT4, et réduit l’inflammation systémique chronique de bas grade, responsable de nombreuses pathologies chroniques (Pedersen and Saltin, 2015).
2. Les bénéfices prouvés : un remède à large spectre
Les preuves scientifiques sont nombreuses et solides :
- Santé cardiovasculaire : 150 minutes d’activité physique modérée par semaine réduisent de 30 % le risque d’infarctus ou d’AVC (Myers et al., 2002).
- Contrôle du diabète : elle contribue à abaisser l’HbA1c chez les patients diabétiques de type 2 (Colberg et al., 2016).
- Santé mentale : elle réduit l’anxiété et les symptômes dépressifs, améliorant la qualité du sommeil et la cognition (Mikkelsen et al., 2017).
- Prévention des cancers : le risque de cancer du sein et du colon est diminué de 20 à 30 % (Moore et al., 2016).
L’activité physique modérée agit donc comme une « polypill naturelle » sans effets secondaires notables.
3. Défis et spécificités en Afrique et au Cameroun
Malgré ses bienfaits avérés, plusieurs obstacles freinent la pratique régulière en Afrique :
- Urbanisation rapide : manque d’infrastructures sportives accessibles.
- Sédentarité professionnelle : emploi de bureau, télétravail croissant.
- Normes culturelles : perception négative de la pratique féminine du sport.
- Insécurité : empêche la marche ou le sport en plein air dans certains quartiers.
Pour les pays comme le Cameroun, l’intégration de l’activité physique dans les politiques de santé, les programmes scolaires, le système de transport et l’aménagement urbain est une stratégie efficace à moyen terme (WHO, 2018).
4. Recommandations pratiques et perspectives
L’OMS recommande au moins 150 à 300 minutes d’activité physique modérée par semaine pour les adultes (WHO, 2020). Cela peut être atteint en marchant 30 minutes par jour, 5 jours par semaine.
Quelques pistes concrètes :
- Promouvoir les mobilités actives (marche, vélo).
- Aménager les espaces urbains pour la pratique libre et sécurisée.
- Intégrer le sport au travail (pauses actives).
- Valoriser l’activité physique dans les médias et les communautés.
La régularité prime sur l’intensité : même modérée, l’activité physique a un fort pouvoir préventif et curatif.
Conclusion et appel à l’action
L’activité physique modérée est une véritable médecine préventive, accessible à tous. Elle est à la portée de chacun, quel que soit l’âge ou le niveau de forme. Au Cameroun et en Afrique, il est urgent de la promouvoir activement pour enrayer l’avancée silencieuse des maladies non transmissibles.
Adoptez une routine active aujourd’hui et améliorez durablement votre santé.
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Foire Aux Questions (FAQ)
1. Quelle est la différence entre activité physique modérée et intense ? L’activité modérée augmente la fréquence cardiaque sans essoufflement, contrairement à l’activité intense.
2. Peut-on répartir les 150 minutes sur plusieurs jours ? Oui, par exemple 30 minutes par jour pendant 5 jours suffisent.
3. Est-ce efficace même sans perte de poids ? Oui. Les bienfaits sur le cœur, le mental et la glycémie sont indépendants du poids.
4. Quels sports sont considérés comme modérés ? Marche rapide, vélo tranquille, natation douce, danse, jardinage actif.
5. Y a-t-il un moment idéal pour pratiquer ? Le meilleur moment est celui où vous êtes régulier : matin, midi ou soir.
Références
- World Health Organization. (2022). Global status report on physical activity. Lien
- Heath, G. W., et al. (1983). Exercise and insulin sensitivity. Diabetes Care. Lien
- Hambrecht, R., et al. (2000). Effects of exercise on coronary endothelial function. The New England Journal of Medicine. Lien
- Cotman, C. W., et al. (2007). Exercise builds brain health. Trends in Neurosciences. Lien
- Campbell, J. P., Turner, J. E. (2018). Debunking the myth of exercise-induced immune suppression. Exercise Immunology Review. Lien
- Pedersen, B. K., Saltin, B. (2015). Exercise as medicine. Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports. Lien
- Myers, J., et al. (2002). Exercise capacity and mortality. The New England Journal of Medicine. Lien
- Colberg, S. R., et al. (2016). Exercise and Type 2 Diabetes. Diabetes Care. Lien
- Mikkelsen, K., et al. (2017). Exercise and mental health. Clinical Psychologist. Lien
- Moore, S. C., et al. (2016). Physical activity and cancer incidence. JAMA Internal Medicine. Lien
- WHO. (2020). Guidelines on physical activity and sedentary behaviour. Lien
- INS-Cameroun. (2020). Enquête Démographique et de Santé.
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