Introduction : Qu’est-ce que le microbiote intestinal ?
Le microbiote intestinal, anciennement appelé flore intestinale, désigne l’ensemble des micro-organismes (bactéries, virus, champignons, protistes) vivant dans notre tube digestif, principalement dans le côlon. On estime qu’un individu adulte abrite plus de 100 000 milliards de micro-organismes, soit dix fois plus que le nombre de cellules humaines (Sender et al., 2016).
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le microbiote intestinal est reconnu comme un organe à part entière, jouant un rôle crucial dans la digestion, la synthèse de vitamines (K, B9, B12), la modulation de l’immunité, et la protection contre les pathogènes (WHO, 2023).
Situation mondiale, africaine et camerounaise
Dans les pays industrialisés, le microbiote intestinal est déstabilisé par la surconsommation d’antibiotiques, les régimes transformés, et la baisse d’exposition aux microbes environnementaux. En Afrique, les populations rurales présentent une plus grande diversité microbienne, associée à une meilleure santé intestinale (Obregon-Tito et al., 2015).
Au Cameroun, bien que les études restent peu nombreuses, des recherches menées à l’Université de Yaoundé I ont montré que le microbiote des enfants des zones rurales est plus diversifié que celui des zones urbaines, avec une meilleure résistance aux diarrhées infectieuses (Tatsinkou et al., 2021).
Le rôle du microbiote intestinal dans notre santé
1. Fonctions digestives et nutritionnelles
Le microbiote dégrade les fibres alimentaires indigestes, produisant des acides gras à chaîne courte (AGCC) tels que le butyrate, propionate et acétate, essentiels à la santé du côlon (Louis et al., 2014). Ces AGCC réduisent l’inflammation, favorisent l’absorption des minéraux, et protègent contre le cancer colorectal.
2. Rôle immunitaire
Le microbiote entraîne le système immunitaire intestinal (système GALT) à différencier les agents pathogènes des micro-organismes bénins. Un déséquilibre (dysbiose) peut favoriser des maladies inflammatoires chroniques comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique (Belkaid & Hand, 2014).
3. Impact sur la santé mentale : axe intestin-cerveau
Le microbiote produit des neurotransmetteurs (sérotonine, GABA, dopamine) et interagit avec le système nerveux via le nerf vague. Des études ont montré un lien entre dysbiose et dépression, anxiété ou autisme (Cryan & Dinan, 2012).
4. Influence sur les maladies métaboliques
Une altération du microbiote peut favoriser l’obésité, le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. Des bactéries telles que Akkermansia muciniphila sont associées à un meilleur contrôle glycémique et à une inflammation réduite (Dao et al., 2016).
Qu’est-ce qui perturbe le microbiote intestinal ?
- Antibiotiques : ils détruisent aussi les bonnes bactéries.
- Alimentation industrielle : pauvre en fibres, riche en sucres et additifs.
- Stress chronique : perturbe l’équilibre microbien.
- Pollution et pesticides : toxiques pour la flore intestinale.
- Césarienne et absence d’allaitement : limitent l’exposition initiale à la flore maternelle.
Comment prendre soin de son microbiote intestinal ?
1. Adopter une alimentation riche en fibres et prébiotiques
Consommer des fruits, légumes, légumineuses, et aliments fermentés (yaourts, choucroute, gari, nkui) favorise la croissance de bonnes bactéries.
2. Utiliser des probiotiques avec discernement
Les suppléments de probiotiques peuvent être utiles après une antibiothérapie, mais doivent être choisis selon l’indication et la souche (ex. Lactobacillus rhamnosus GG contre les diarrhées) (Sanders et al., 2018).
3. Limiter les antibiotiques et pesticides
Utiliser les antibiotiques uniquement sur prescription médicale et consommer bio autant que possible.
4. Activité physique et gestion du stress
Le sport et les techniques de relaxation (yoga, méditation) ont un impact positif sur la composition du microbiote (Mailing et al., 2019).
Lire aussi :
- Santé mentale et microbiote
- Probiotiques et prébiotiques : quelle différence ?
- Impact du sucre sur le microbiote
- OMS – Gut microbiome
- NIH – Human Microbiome Project
- PubMed – Recherches sur le microbiote intestinal
Conclusion
Le microbiote intestinal est un pilier central de notre santé globale. Il influence non seulement notre digestion, mais aussi notre immunité, notre humeur, et notre métabolisme. Adopter un mode de vie sain et une alimentation diversifiée est essentiel pour le nourrir et le protéger.
Prenez soin de votre microbiote : il prendra soin de vous !
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Foire Aux Questions (FAQ)
Le microbiote est-il le même chez tout le monde ?
Non. Il varie selon l’âge, l’alimentation, le mode d’accouchement, le pays, etc.
Faut-il toujours prendre des probiotiques ?
Non. Les probiotiques doivent être pris de façon ciblée, pas en automédication systématique.
Une détox intestinale est-elle utile ?
Il n’y a pas de preuves scientifiques solides sur l’efficacité des « détox ». Une alimentation saine suffit.
Références :
- Sender R. et al., (2016). Revised Estimates for the Number of Human and Bacteria Cells in the Body. PLoS Biology. https://doi.org/10.1371/journal.pbio.1002533
- WHO (2023). Microbiome. https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/microbiome
- Obregon-Tito A.J. et al., (2015). Subsistence strategies in traditional societies distinguish gut microbiomes. Nature Communications. https://doi.org/10.1038/ncomms7505
- Tatsinkou E. et al., (2021). Gut microbiota in Cameroonian children. African Journal of Microbiology Research.
- Louis P. et al., (2014). The gut microbiota, bacterial metabolites and colorectal cancer. Nature Reviews Microbiology. https://doi.org/10.1038/nrmicro3344
- Belkaid Y. & Hand T.W. (2014). Role of the microbiota in immunity and inflammation. Cell. https://doi.org/10.1016/j.cell.2014.03.011
- Cryan J.F. & Dinan T.G. (2012). Mind-altering microorganisms: the impact of the gut microbiota on brain and behaviour. Nature Reviews Neuroscience. https://doi.org/10.1038/nrn3346
- Dao M.C. et al., (2016). Akkermansia muciniphila and improved metabolic health. Gut. https://doi.org/10.1136/gutjnl-2015-309719
- Sanders M.E. et al., (2018). Probiotics and prebiotics in intestinal health. Nature Reviews Gastroenterology & Hepatology. https://doi.org/10.1038/s41575-018-0031-6
- Mailing L.J. et al., (2019). Exercise and the gut microbiome: a review. Medicine & Science in Sports & Exercise. https://doi.org/10.1249/MSS.0000000000002021
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