Introduction

Arrêter un traitement brutalement signifie interrompre une médication sans suivi médical progressif, souvent sans l’avis d’un professionnel de santé. Cette pratique, malheureusement fréquente, peut entraîner des effets secondaires sévères, une rechute de la maladie, ou encore l’apparition de résistances médicamenteuses.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’observance thérapeutique reste un défi majeur, particulièrement dans les pays en développement. L’OMS estime qu’environ 50 % des patients atteints de maladies chroniques dans le monde ne prennent pas correctement leurs traitements (WHO, 2023).

En Afrique, l’accès limité à l’information médicale et au suivi thérapeutique favorise les interruptions intempestives des traitements, notamment pour des pathologies comme le VIH, la tuberculose ou l’hypertension. Au Cameroun, une étude publiée dans le Pan African Medical Journal révèle qu’environ 30 % des patients hypertendus arrêtent leur traitement sans suivi médical (Simo et al., 2021).


Les risques d’un arrêt brutal : données scientifiques

1. Effet rebond et rechute de la maladie

Certaines classes de médicaments, comme les antihypertenseurs, les antidépresseurs ou les corticoïdes, doivent être arrêtées progressivement pour éviter un effet rebond : retour brutal et parfois aggravé des symptômes.

Par exemple, interrompre un bêtabloquant peut entraîner une tachycardie sévère ou une crise hypertensive (Mancia et al., 2018).

2. Syndrome de sevrage

Certains médicaments induisent un syndrome de sevrage s’ils sont arrêtés brutalement. C’est le cas des benzodiazépines, des opioïdes ou des antidépresseurs ISRS. Les symptômes peuvent inclure agitation, insomnie, douleurs musculaires, convulsions ou même hallucinations.

Une revue systématique publiée dans The Lancet Psychiatry (2019) indique que 56 % des patients sous ISRS présentent des symptômes de sevrage lors d’un arrêt brusque (Davies & Read, 2019).

3. Apparition de résistances : un danger collectif

Dans le cadre des antibiotiques ou des antirétroviraux, un arrêt prématuré du traitement favorise la sélection de souches résistantes. C’est un danger non seulement pour le patient, mais aussi pour la santé publique.

L’OMS alerte sur l’impact de l’arrêt inapproprié des traitements antituberculeux, responsable de l’émergence de tuberculoses multirésistantes (TB-MR) (WHO, 2023).

4. Déséquilibres métaboliques

Dans le cas du diabète, arrêter l’insuline ou les antidiabétiques oraux sans suivi médical peut entraîner une hyperglycémie grave, voire un coma diabétique.

Une étude camerounaise a démontré que 25 % des patients admis pour coma hyperosmolaire avaient interrompu leur traitement antidiabétique sans avis médical (Folefack et al., 2020).


Causes fréquentes de l’arrêt brutal d’un traitement

  • Effets secondaires mal tolérés
  • Amélioration apparente de l’état de santé
  • Coût du médicament ou difficulté d’accès
  • Mésinformation ou croyances erronées
  • Automédication et absence de suivi médical

Il est important que les pharmaciens, médecins et éducateurs en santé renforcent la sensibilisation sur les dangers de l’arrêt non encadré.


Bonnes pratiques pour l’arrêt d’un traitement

  • Toujours consulter un professionnel de santé avant de modifier ou interrompre un traitement.
  • Planifier un sevrage progressif : par exemple, réduction progressive de la dose sur plusieurs jours ou semaines.
  • Surveillance clinique et biologique en cas de traitement chronique (hypertension, diabète, psychotropes, etc.).
  • Tenir un carnet de suivi thérapeutique pour optimiser l’observance.

Liens recommandés :

les-faux-medicamentsOMS – Adhérence thérapeutique

NIH – Discontinuation of medications

interactions médicamenteuses


Conclusion

L’arrêt brutal d’un traitement, loin d’être anodin, peut exposer à de graves complications : rechute, sevrage, résistances, voire décès. Une prise en charge médicale et un sevrage contrôlé sont essentiels.

👉 Vous suivez un traitement et envisagez de l’arrêter ? Parlez-en d’abord à votre pharmacien ou médecin.

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Foire Aux Questions (FAQ)

1. Est-il dangereux d’arrêter un antibiotique avant la fin ? Oui, cela favorise les résistances bactériennes et peut entraîner une rechute.

2. Peut-on arrêter un antidépresseur du jour au lendemain ? Non, cela expose au syndrome de sevrage. Il faut un sevrage progressif.

3. Pourquoi je me sens mieux après quelques jours de traitement, puis pire après l’avoir arrêté ? L’amélioration temporaire masque souvent la persistance de la maladie. L’arrêt brutal interrompt l’effet thérapeutique.

4. Un médicament à vie peut-il être arrêté ? Parfois oui, mais toujours sous surveillance médicale et selon l’évolution clinique.


Références bibliographiques

  1. WHO. (2023). Medicines: adherence to long-term therapies. Lien
  2. Mancia et al. (2018). Management of hypertension. Lancet. Lien
  3. Davies J, Read J. (2019). A systematic review into antidepressant withdrawal. The Lancet Psychiatry. Lien
  4. WHO. (2023). Tuberculosis fact sheet. Lien
  5. Folefack et al. (2020). Hyperosmolar coma in Cameroon. Pan Afr Med J. Lien
  6. Simo et al. (2021). Therapeutic adherence in Cameroon. Pan Afr Med J. Lien

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