Introduction

Le surdosage médicamenteux, également appelé intoxication médicamenteuse, correspond à la prise d’une dose excessive d’un médicament ou d’une combinaison de médicaments, dépassant la dose thérapeutique recommandée. Cette condition peut entraîner des conséquences graves, voire mortelles, si elle n’est pas prise en charge rapidement.

À l’échelle mondiale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que plus de 10 % des hospitalisations sont liées à des effets indésirables de médicaments, et les surdosages représentent une part importante de ces cas, notamment chez les enfants et les personnes âgées (OMS, 2022).

En Afrique, la problématique est accentuée par des facteurs tels que l’automédication, la circulation de médicaments contrefaits, l’accès limité aux soins médicaux et le faible encadrement des ventes pharmaceutiques. Le Cameroun, comme plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, est confronté à une consommation irrationnelle des médicaments, favorisant les cas de surdosage, tant accidentels qu’intentionnels.

Une étude menée en 2023 dans la ville de Buea révèle que 15,3 % des élèves du secondaire ont utilisé au moins une fois un médicament sans prescription, avec une prévalence élevée du tramadol, un opioïde aux effets addictifs (Bio-Sya et al., 2023).


Signes cliniques du surdosage médicamenteux

Les manifestations varient selon la molécule, la quantité ingérée et l’état de santé du patient. Les symptômes les plus fréquents sont :

  • Neurologiques : troubles de la conscience, agitation, convulsions, coma.

  • Cardiovasculaires : bradycardie ou tachycardie, hypotension, arythmies.

  • Respiratoires : dyspnée, dépression respiratoire (surtout avec opioïdes).

  • Digestifs : douleurs abdominales, vomissements, nausées.

  • Hépatiques et rénaux : élévation des enzymes hépatiques, insuffisance hépatique ou rénale (notamment avec le paracétamol).

  • Troubles métaboliques : acidose lactique, hypoglycémie ou hyperglycémie.


Médicaments fréquemment impliqués dans les surdosages au Cameroun

  1. Paracétamol (acétaminophène) : couramment utilisé, mais potentiellement hépatotoxique à fortes doses.

  2. Tramadol et codéine : opioïdes en vente dans la rue, très prisés pour leurs effets euphorisants.

  3. Benzodiazépines : souvent détournées pour des usages récréatifs ou suicidaires.

  4. Antipaludéens : notamment la quinine et l’artéméther-luméfantrine, mal utilisés en automédication.

  5. Antihypertenseurs et hypoglycémiants : erreurs de dosage fréquentes chez les personnes âgées.


Que faire immédiatement en cas de surdosage médicamenteux ?

1. Appeler les urgences

Appelez les secours ou rendez-vous rapidement dans un centre hospitalier. Le numéro d’urgence du SAMU au Cameroun est le 1510.

2. Ne jamais faire vomir

Sauf indication médicale, il ne faut pas provoquer le vomissement, car cela peut entraîner une aspiration pulmonaire ou des lésions œsophagiennes.

3. Conserver les preuves

Gardez l’emballage du médicament, la notice, la prescription ou le flacon pour aider les professionnels à identifier la substance ingérée.

4. Surveiller l’état de la personne

Notez les changements de conscience, la fréquence respiratoire, les convulsions ou toute autre manifestation inhabituelle.

5. Ne rien administrer sans avis médical

Évitez d’administrer d’autres médicaments ou liquides sans indication.


Prise en charge médicale

La gestion dépend du médicament, du temps écoulé depuis l’ingestion et de l’état du patient. Elle peut inclure :

  • Charbon activé : pour limiter l’absorption intestinale (dans les 1 à 2 heures après ingestion).

  • Antidotes spécifiques : par exemple, N-acétylcystéine pour les surdosages de paracétamol.

  • Lavage gastrique : dans des cas exceptionnels.

  • Soutien des fonctions vitales : oxygène, perfusion, ventilation artificielle.

  • Hémodialyse : pour éliminer certains médicaments à haute toxicité.


Prévention du surdosage : les bonnes pratiques

  • Éducation sanitaire communautaire
    Mettre en place des campagnes de sensibilisation sur les dangers de l’automédication.

  • Respect de la prescription
    Toujours suivre les instructions d’un professionnel de santé et ne jamais doubler une dose oubliée sans avis médical.

  • Conservation sécurisée des médicaments
    Hors de portée des enfants et dans leur emballage d’origine.

  • Contrôle de la distribution
    Renforcer les contrôles sur la vente des médicaments en pharmacie et lutter contre la vente illégale dans la rue (voir notre article Lutte contre les médicaments de la rue).


Lire aussi : Les Dangers De L’automédication Et Comment L’éviter


Conclusion

Le surdosage médicamenteux est une urgence médicale grave mais évitable. En tant que citoyen, il est essentiel de ne jamais banaliser l’usage des médicaments, de respecter les prescriptions médicales et de rechercher rapidement une assistance médicale en cas de doute.

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Foire Aux Questions (FAQ)

Quelles sont les conséquences à long terme d’un surdosage ?

Selon la molécule et la dose, des séquelles neurologiques, hépatiques ou rénales irréversibles peuvent survenir.

Le charbon activé est-il toujours efficace ?

Non. Il n’est utile que si administré dans les deux premières heures et pour certaines substances.

Peut-on prendre un antidote à domicile ?

Non. Les antidotes sont administrés uniquement en milieu hospitalier sous surveillance médicale.


Références scientifiques

  • Bio-Sya, A. et al. (2023). Non-medical use of prescription drugs among adolescents in Cameroon. BMC Public Health

  • WHO. (2022). Medication safety in transitions of care. WHO Factsheet

  • NIH. (2021). Overdose Prevention and Treatment. NIH Resources


Note : Cet article est à titre informatif et ne remplace pas un avis médical professionnel.​

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